Les océans du Valais

L’Océan Alpin et l’Atlantique Central étaient le même océan. Les traces successives de la dorsale atlantique sont toujours présentes et permettent de reconstruire le déplacement des plaques africaine et européenne dans le passé.

Les marges de l’Atlantique servent aussi de modèle pour reconstruire celles, disparues, des Alpes. En reconstruisant le déplacement des plaques dans le passé, on se rend compte qu’une troisième plaque est venue jouer un rôle important, c’est la plaque ibérique. Celle-ci se composait de l’Espagne, Portugal, Baléares, Sardaigne, Corse et, dans les Alpes, du domaine Briançonnais. Les séries alpines valaisannes appartiennent en grande partie à ce domaine briançonnais qui était situé au sud de la France. Dans le Valais, ce domaine était séparé de l’Europe par l’océan Pyrénéo-Valaisan, un bras de mer peu large mais profond, qui s’est ouvert au Crétacé.

On a pu reconstruire le scénario de cette histoire de plaques à la dérive grâce à un peu plus d’un siècle de recherches géologiques dans les Alpes et dans les régions voisines.
Une partie de l’océan alpin n’est toujours pas refermée, il s’agit de l’Atlantique central, entre Afrique du Nord et Amérique du Nord. Dans cet océan sont enregistrées bien des informations qui permettent de mieux comprendre ce qui s’est passé dans les Alpes. Particulièrement, les positions successives de la dorsale peuvent être reconstruites pour les derniers 190 Ma, ce qui permet de positionner avec exactitude les plaques européenne et africaine pendant cette longue période de temps.

Les marges continentales de l’Atlantique central, comme celle au large du Maroc (modifiée de Favre et Stampfli 1992), peuvent être utilisées comme modèle pour reconstruire les marges alpines, les deux étant du même âge au départ. Alors que les marges alpines étaient impliquées dans la collision entre Afrique et Europe, la sédimentation a continuée sur la marge marocaine , correspondant à la partie en jaune sur la coupe (Tertiaire et Quaternaire).

En regardant le film des reconstructions de la paléogéographie alpine, vous pouvez vous rendre compte des mouvements des plaques qui ont donné naissance à l’océan alpin et à l’océan Atlantique central il y a environ 165 Ma, et comment la marge nord s’est cassée pour donné l’océan Pyrénéo-Valaisan vers 120 Ma. Ainsi, la marge nord de l’océan alpin est devenue une péninsule entre deux océans, appelé domaine briançonnais, dont une grande partie du Valais au sud du Rhône fait partie.
L’ouverture de ce nouveau bras océanique crétacé est aussi associée à des dépôts de brèches d’âge Jurassique supérieur, on peut les observer à la Pierre Avoi où elles reposent sur du Jurassique inférieur. On en trouve aussi dans le Briançonnais de Suisse orientale, et en France au col du Galibier.
Après ce deuxième événement de rifting et jusqu’à la collision avec la plaque Africaine, la sédimentation est devenue très faible sur cette péninsule briançonnaise isolée; elle consiste en dépôt de «couches rouges» bien représentées dans les Préalpes, et caractéristiques des dépôts marins sur un haut fond. Ce haut fond était balayé par des courants créant des lacunes de dépôts, ce qui fait que les couches rouges sont très peu épaisse (quelques dizaines de mètres) pour une durée de temps de 50 Ma. Ces couches rouges métamorphiques sont visibles en Valais dans la série du Barrhorn, dans la nappe de Siviez-Mischabel.

NB: sur le film on peut aussi voir qu’avant l’ouverture de l’océan alpin (au Permien 270 Ma) la région alpine était située loin des océans, puis au Trias (250-200 Ma), des rifts ont donné naissance à des océans dont on retrouve les restes dans les Alpes autrichiennes et en Grèce. La présence de ces rifts a permis à la mer de revenir dans les Alpes à partir du Trias.

La région du Val d’Hérens a bien enregistré la formation des rifts permiens, beaucoup de roches que l’on voit entre Evolène et Vex représentent cet événement, avec de grandes épaisseurs de roches détritiques comme des grès et des conglomérats, maintenant transformé en quartzites ou micaschistes.