Que reste t-il de l’histoire alpine dans le Val d’Hérens?

Une grande partie de la couverture sédimentaire du domaine Valaisan a été décollée et transportée dans les Préalpes (Fribourg, Vaud, Chablais). Mais il reste suffisamment d’informations dans le Val d’Hérens pour reconstruire le micro-continent briançonnais dans cette région.

Dans le fond du Val, on trouve le massif de la Dent Blanche qui représente le continent africain, puis entre Ferpècle et la Forclaz et autour des Aiguilles Rouges, on trouve les restes de l’océan alpin, avec ses serpentinites et ses laves. Entre La Sage et Evolène, on trouve des restes des blocs basculés de la marge européenne. Puis à partir de Lana on rentre dans l’ancien bassin des Préalpes, dont il reste encore localement quelques sédiments, comme les falaises de dolomies à l’entrée du val d’Hérens.

Le schéma montre quelles unités tectoniques valaisannes ont été subductées (en noir) et quelles unités ont été décollées et transportées dans les Préalpes (en rouge). Ces unités subductées et qui sont revenues à la surface représentent un tout petit pourcentage du domaine Briançonnais, la plus grande partie de la croûte (en rose) a été subductée pour toujours dans le manteau terrestre...
D’autre part, les unités visibles de nos jours ont été fortement érodées ces derniers millions d’année, surtout à cause des glaciations quaternaires, là aussi certains éléments ont disparu pour toujours, transformés en grain de sable...

Sur la coupe reconstruite à 130 Ma, on a reporté sur la marge Briançonnaise valaisanne de l’époque la position des lieus actuels du Val d’Hérens où les restes de cette marge peuvent être observés (voir aussi excursion E et la coupe géologique). Sur cette coupe, l’océan pyrénéo-valaisan sépare la péninsule Briançonnaise de la Provence (voir la reconstruction 130 Ma sur le film) où elle était attachée initialement.  L’océan alpin est à droite, l’ensemble des roches que l’on peut voir entre La Forclaz et Sépec (serpentinites, et méta-gabbro/basalte de la nappe du Tsaté) correspond à ce qu’il reste de cet océan qui faisait jusqu’à 500km de large. 

Ces terrains océaniques forment une bande passant par le col du Tsaté, la Forclaz, les Haudères et remonte vers les Aiguilles Rouges d’Arolla.

Note: Au sud de cette bande océanique, on trouve la nappe de la Dent-Blanche, représentant le domaine austroalpin et la marge sud de l’océan alpin (voir chapitre 5), faite principalement de gneiss (granite) et de métagabbro (Mont Collon) datant du Permien inférieur. Sur ce socle permien on trouve la série du Mont Dolin, faite de dolomies (Trias), et de marbres et brèches représentant les séries du rift jurassique.

Les unités du Frilihorn et des Cimes Blanches qui étaient des blocs basculés du pied de la marge océanique nord, se retrouvent dans les environs de la Sage et Villa (voir excu E).
En rive gauche de la Borgne, entre la Meina et le Pic d’Artsinol, on retrouve les brèches déposées sur ces blocs basculés, alors que le verrou de Lana (l’Ala) représente une partie de l’épaulement du rift. Derrière l’épaulement se trouvait le bassin des Préalpes dont quelques éléments sont toujours présents entre Evolène et Sion (la série du Barrhorn dans la nappe de Siviez-Mischabel et, dans la Zone Houillère, les falaises de dolomies à l’entrée du Val d’Hérens dans la montée entre Sion et Vex). La plus grande partie des sédiments de ce bassin est maintenant dans les Préalpes, le décollement s’est produit dans la série du Trias là où il y avait des évaporites (sel et gypse) qui facilitèrent ce décollement..

Ce qui est resté dans le val d’Hérens, ce sont les roches plus anciennes du «socle alpin» (partie très supérieure de la croûte sous le Trias, en orange sur la coupe) qui se divisent en deux séries maintenant fortement replissées l’une dans l’autre:

• Une série de remplissage de rifts du Carbonifère supérieur et du Permien (en gris sur la coupe) fait principalement de sédiments détritiques grossiers, suivie des premiers dépôts marins du Trias (en orange) faits de quartzite. On trouve ces roches dans une première bande (Nappe du Mt Fort) passant par Evolène et le Pic d’Artsinol et la Rosablanche, puis une deuxième bande (nappe de Siviez-Mischabel) passant par Vernamièges, Mase, Euseigne, Hérémence. Ces roches reposent sur:
   
• Le socle Varisque (ou Hercynien, en rose foncé), complexe de roches métamorphiques et intrusives (gabbro et granite) d’origines diverses qui a été impliqué dans une série de collisions continentales pendant le Paléozoïque. Ce qui caractérise ces roches est le fait qu’elles ont subies deux métamorphismes au moins, le dernier étant le métamorphisme alpin. On trouve là les roches les plus anciennes des Alpes, peut-être jusqu’à un milliard d’années... on les trouve dans une bande de terrain passant par Eison, St Martin, Praz-Jean, Mache (nappe de Siviez-Mischabel), avec des granites et gabbros daté à 500 Ma à Thyon.